Nous commençons ainsi notre saga sur l'histoire du traitement des défauts visuels avec la fin de la Préhistoire, et le début de l'Antiquité. En effets hypermétropie, myopie, astigmatisme et presbytie n'ont jamais cessé d'être un problème pour l'homme. Sa vision a toujours été atteinte de la même manière par ces défauts, qu'ils soient héréditaires, dûs au vieillissement, aux conditions de santé ou de vie, ou à l'environnement. Mais l'homme en tout temps, a systématiquement cherché à contrôler et éliminer ce handicap, en élaborant des techniques et des traitements dont l'efficacité, relative à la période donnée, n'en reste pas moins la preuve d'une volonté de se prémunir contre la gêne occasionnée par une dégradation de sa vision. Ainsi l'Institut Bordelais de la Vision vous invite à remonter dans cet article jusqu'en -4000 avant JC jusqu'au débus de l'Antiquité, et voir de quelle manière, à cette époque lointaine l'homme traitait avec les moyens à sa disposition, sans en connaitre ni le nom ni les causes, myopie, astigmatie, hypermetropie, et presbytie.
C'est donc à la Préhistoire que commence notre Saga, et plus particuliérement à la période du Néolithique, ou l'homme commence à se sédentariser, et à produire ses propres ressources. Si les problèmes de visions furent évoqués plus tard par Aristote dans son livre Problemata, en particulier myopie et presbytie, l’invention des lunettes, premier moyen de compenser un défaut visuel, fut bien plus longue à venir.
Sir Henry Layard, érudit du XIXème siècle, trouve à Ninive lors d'une expédition archéologique en 1849 les plus anciennes lentilles en usage. Datant de 4000 avant Jésus Christ on présume que ces lentilles, des pierres transparentes de forme convexe en cristal de roche, encore très loin de nos lentilles de contact, servaient à faire converger la lumière du soleil sur un point, pour en brûler la zone visée. C'est ainsi à la Préhistoire que l'homme semble avoir découvert les interactions possibles de la lumière avec un prisme. A cette époque, également appelée âge de la pierre polie, l'homme va user de ses connaissances et de sa dextérité, pour polir une pierre, jusqu'à ce qu'elle soit translucide, et qu'il puisse voire à travers, ou tout du moins que les rayons du soleil la traverse. Le premier contact avec les lois de l'optique, et donc le moyen de guérir les mots de la vision est fait.
L'homme va ainsi persévérer et chercher à maitriser cet outil qui est le prisme, jusqu'au tout début de l'Antiquité. Ainsi des lentilles taillées dans du quartz datant de l'empire Babyloniens, de 1235 av. J.-C, ont été découvertes, mais il semblerait qu'elles n'aient pas eu pour fonction d'améliorer la vision.
Plus tard, Aristophane décrira ses pierres dites Pierre à brûler au deuxième siècle avant Jésus Christ afin de faire des trous dans les parchemins ou effacer des tablettes. Ces lentilles, même si elles ne servaient pas encore à mieux y voir, à proprement parler, n'en reste pas moins les premières traces de ce qui peut être considéré comme les prémices en matière d'optique. En utilisant la réfraction de la lumière à travers un prisme, les pierres à brûler, pour modeler des écritures grâce aux rayons du soleil, l'homme vient de mettre en évidence l'une des premières règles élémentaires de l'optique, qui est la modification de la courbure, de l'intensité d'un rayon lumineux lorsqu'il passe à travers un prisme possédant un certain indice.
Entre 750 av. J.-C. et 710 av. J.-C. La lentille de Nimrud est taillées dans du quartz. Elle est la plus ancienne lentille optique trouvée à ce jour.
Le rôle de cette lentille continue de faire débat de nos jours au sein de la communauté scientifique. Certains émettent l'hypothèse que montée sur un télescope, elle était à l'origine du savoir important des assyriens en matière d'astronomie. D'autres lui préfère une simple fonction de loupe. Il n'en reste pas moins que sa forme et le travail qui fut nécessaire pour l'obtenir, taille et polissage, nous permettent d'attribuer à cet objet la plus ancienne fonction de zoom optique jamais découverte.
Pour soigner les troubles de la vision, une bonne compréhension des lois de l'optique est indispensable. L'homme ne la possède pas en 700 av JC, c'est un fait. Mais il commence néanmoins à identifier des mécanismes, qui vont au fil du temps conduire aux lois de l'optique. Ainsi l'action d'un prisme sur la lumière est observée pour la toute première fois à la Préhistoire. C'est dabord l'amplification de la lumière du soleil, avec les pierres à bruler, qui va consacrer cette première découverte. Une fonction de zoom, à petite ou grande échelle, constituera finalement la première avancée majeure de l'humanité en matière d'optique, et le rapproche un peu plus du traitement des amétropies.
Ainsi se termine cet article sur l'histoire du traitement des amétropies. Nous avons ici traité la fin de la préhistoire, marquée par l'apparition de l'écriture jusqu'au débus de l'Antiquité. Dans le prochain article, nous découvrirons plus en détails cette période, riche en avancée et en découverte.