L'Histoire nous a révélé les secrets de l'optique. L'œil pour y voir, capte les rayons lumineux réfléchis par la matière, et les projette, après les avoir traités grâce à une loupe naturelle (le cristallin), sur la rétine, qui transmet au cerveau cette information, et qui nous délivre une image.
L'optique reprend les mécanismes qui se mettent en place lorsque la lumière pénètre l'œil, avant d'être projetée sur la rétine. Le but recherché par une lentille de contact, ou une paire de lunettes, est de corriger les imperfections que la loupe naturelle que nous avons évoquée plus haut, le cristallin, peut avoir. La lumière est donc traitée une première fois par la lentille, de sorte que le rayon lumineux, après avoir traversé le cristallin, soit restitué de la façon la plus parfaite possible sur la rétine.
Ce principe acquis, il ne restait plus qu'à le réaliser.
Après avoir pu admirer les évolutions des traitements de la myopie, l'hypermétropie, la presbytie et l'astigmatisme dans l'histoire lointaine, nous allons, dans cet article jeter un oeil sur les techniques du XXéme siècle pour traiter les maux de la vision des hommes.
De nombreuses innovations sont venues s’ajouter aux recherches de nos prédécesseurs dans le but de corriger définitivement nos défauts visuels. La chirurgie refractive, par lasik ou pkr, qui est de nos jours l’une des méthodes les moins invasives et les plus perfectionnées pour traiter les maux de la vision est encore hors de portée de l’homme. Mais une autre invention révolutionnaire va nous intéresser particulièrement dans cet article : la découverte de la lentille de contact.
Les lentilles de contact ont une fonction similaire aux lunettes correctrices, mais se distinguent de par leur quasi-invisibilité et leur encombrement réduit. Comme vu plus haut, leur fonctionnement est également le même : Elles incurvent les rayons lumineux afin qu'ils soient dirigés vers la rétine de la meilleure façon afin de corriger les défauts naturels de l'oeil, et corriger ainsi la myopie, l’hypermetropie, l’astigmatisme et la presbytie.
Nous allons remonter le temps, et parcourir leur découverte, des premiers concepts théoriques, aux derniers modèles fonctionnels.
Durant les 50 dernières années, les soins des défauts visuels se sont grandement accrus et une correction d’un nouveau genre va voir le jour.
Avec la démocratisation des lunettes de contact, l’image d’érudition qu’elles pouvaient renvoyer à leur porteur durant la Renaissance va s’estomper de plus en plus.
La considération au sein de la société pour le port de lunettes correctrices évolue. Elles deviennent un objet de soin nécessaire, mais qui n’est plus représentatif d’une classe sociale privilégiée.
Un nouveau besoin apparait : Bénéficier de la correction des lunettes de sa vision, sans porter de lunettes
Léonard de Vinci avait déjà imaginé, en 1508 dans son Codex de l’œil la correction de la vision à même l’œil, sans pour autant chercher à répondre à cette problématique esthétique. En déposant une goutte d’eau directement sur l’œil, il observait les mécanismes d’accommodation entrainés par la réfraction de la lumière par l’eau. L’idée de corriger la vision sans lunettes vient de naitre.
En 1636, le philosophe René Descartes reprendra l’idée de Da Vinci d’utiliser la réfraction opérée sur la lumière par un liquide pour améliorer la vision.
Il imagine un tube de verre rempli de liquide, qui, directement en contact de l’œil, en modifie la vision.
En 1801 Thomas Young met en pratique les travaux de Descartes. L’appareil ainsi crée empêche cependant le clignement des yeux du patient, et est abandonné, ne servant que de relais idéologique à la volonté de créer une alternative aux lunettes correctrices.
Ce n’est qu’en 1887, que Adolph Eugene Fick, un ophtalmologiste allemand créé un appareil optique proche des lentilles de contact que nous utilisons.
En verre, et couvrant l’intégralité de l’oeil, elles sont cependant impossibles à porter plus de quelques heures.
Le travail d’une forme de lentille beaucoup plus adaptée à l’œil, conduit la même année l’Allemand August Müller à développer la première lentille de contact viable.
La forme est dite sclérale, car le verre ainsi soufflé, couvre la cornée ainsi que la sclère.
Grâce à cette forme épousant celle de son œil, et un travail sur la matière plus affiné, Müller parvient à créer une lentille plus confortable, qui corrige sa forte myopie.
En 1925, la société Zeiss produit des verres scléraux en cristal, dont la forme peut être adaptée à l’oeil du porteur. Les premières lentilles dont la forme n’est pas standardisée sont créées.
Une technique de fabrication à même l’œil du patient sera même développée par le médecin Danois Joseph Dallos, afin d’affiner encore plus la forme de la lentille. Mais trop invasive, cette technique sera rapidement abandonnée.
Il est désormais possible de fabriquer des lentilles plus ou moins bombées, plus ou moins grandes, variant en fonction de l’œil du patient.
Cette découverte majeure va permettre d’ouvrir la voie à de bien meilleurs traitements des amétropies. En effet, chaque œil a une forme unique. Cette forme entraîne en outre des amétropies qui varient. L’oeil myope est un œil trop long, à l’inverse de l’œil hypermétrope, trop court. Un œil trop bombé est atteint d’astigmatisme, dû a une cornée ovale.
En 1936, l'optométriste américain William Feinbloom créé les premières lentilles de contact dont la matière n’est pas exclusivement du verre, ou du cristal. La découverte du polyméthacrylate de méthyle (PMMA ou Plexiglas) pour l’utilisation des cockpits d’avion, ainsi que sa capacité à être correctement toléré par la cornée humaine, va permettre à Feinbloom d’introduire pour la première fois du plastique dans la fabrication des lentilles.
La circonférence de sa lentille recouvrant la sclére est ainsi composée d’un mélange opaque de résine et de plastique. La partie centrale qui recouvre la cornée est toujours en verre. Ces lentilles sont beaucoup plus légères et confortables à porter.
En 1940 L'optométriste allemand Heinrich Wöhlk élimine finalement, et définitivement, le verre des lentilles, et produit les premières lentilles totalement en plastique.
La lentille de contacte est bien considérée comme une alternative sérieuse au port de lunettes correctrice. Les années 50 vont confirmer ce rôle en la rendant de plus en plus efficace et moderne.
En 1947 L’américain Tuohy abandonne la forme sclérale des lentilles. Les lentilles ne recouvre désormais plus que la cornée. Le Dr américain George Butterfield viendra affiner les travaux de Tuohi, en adaptant la forme de la courbure de cette nouvelle lentille à la cornée du patient.
En 1959, les scientifiques Tchèques Otto Wichterle et Jaroslav, vont utiliser un nouveau matériau pour produire leur lentille, le HEMA – hydroxyéthylméthacrylate. Ce matériau à la particularité d’être souple, et hydrophile, c’est à dire adapté à un milieu humide.
Les premières lentilles de contact souples modernes sont inventées. C'est une révolution. Il n'y a plus besoin de monture, ni de verre pour corriger sa myopie, son hypermétropie, ou son astigmatisme.
Plus besoin d'épaisses lentilles lourdes, très couteuses et inesthétiques. Une première proposition d'émancipation des lunettes dans le traitement des défauts visuel se dessine.
Ces lentilles sont commercialisées dès 1971.
Le HEMA est toujours utilisé de nos jours dans une grande majorité de lentilles de contact.
Fortes de leur sérieuse viabilité nouvellement acquise, les lentilles de contact vont voir s’enchainer les améliorations, afin de les rendre toujours plus confortables, et efficace dans leur traitement de l’œil myope, hypermétrope, astigmate et presbyte.
En 1972 les premières lentilles de contact souples jetables sont inventées par l'optométriste britannique Rishi Agarwal. Ces lentilles seront commercialisées en 1995.
En 1975 les lentilles rigides en PMMA sont assouplies avec un nouveau matériau dit « semi rigide », beaucoup plus confortable.
En 1981, des lentilles de contact souples, et pouvant être portées de manière prolongée pour corriger la myopie sont créées.
En 1995, l’apport technologique et technique des ordinateurs permet le développement de l’industrie de pointe. Les usines sont de plus en plus modernes et les machines beaucoup plus précises. La réalisation de lentilles rigides asphériques, dont la forme épouse parfaitement celle de la cornée, est rendue possible.
De nouveaux matériaux encore plus confortables sont également utilisés.
En 1998 Ciba Vision au Mexique réalise les premières lentilles de contact en silicone hydrogel. Une augmentation de la perméabilité à l'oxygène et de la performance clinique des hydrogels apportent plus de confort pour les porteurs de lentilles de contact. Cette matière extrêmement souple et confortable est constituée en très grande partie d'eau. Elle est de plus perméable, laissant passer l'oxygène, permettant ainsi à l'œil de respirer.
La première lentille de contact souple multifocale est mise au point au cours de la même année.
Le XXIème siècle ne sera également pas en reste, avec de nombreuses autres découvertes, qui viendront encore améliorer les lentilles de contact. Les lentilles mensuelles sur mesure en 2008, permettront entre autre le traitement de la presbytie. Ou encore le développement des lentilles progressives en 2011.
Les innovations autour de celles-ci continuent de nos jours, pour leur permettre d’être toujours plus confortables et efficaces :
Augmentation de l'utilisation, souplesse accrue, possibilité de les rendre jetables, bifocales pour une utilisation quotidienne, projetant des ultra-violets, Ou encore teintant la couleur des yeux, voir pourquoi pas, lentilles connectées dans le future…
La lentille de contact va ainsi se développer jusqu’à nos jours, pour devenir une réelle solution alternative au port des lunettes, telle que l’est la chirurgie refractive.
L’histoire de l’optique se poursuit ainsi. Nous reprendrons le cours de l’histoire de la chirurgie réfractive dans notre prochain article.