Cette période va voir naitre les premières théories de l'Optique selon lesquelles, la vision est liée au soleil, et au feu. L'œil serait ainsi émetteur d'une chaleur, d'un feu, qui éclairerait, percevrait ce qui se trouve dans son champ de vision. Cette considération de la vu, via un œil émetteur de la vision, fait écho aux pierres à brûler, et à l'association du feu à la vision. Et les découvertes que nous allons voir sont empruntes de cette logique.
Ainsi, en 400 av JC, Aristophane mentionne dans une de ces pièces les mécanismes du verre ardent, constatant qu’un objet observé à travers un ballon de verre rempli d’eau apparait plus gros. La réfraction de la lumière est ainsi observée à travers un autre prisme que de la pierre taillée, utilisant le verre et l'eau.
Euclide, mathématicien Grec, en 300 av JC va consacrer l'existence de ce savoir en théorisant pour la première fois l'existence des rayons lumineux, auquel il va associer la géométrie.
Archimède en 200 av JC détourne les verres ardents en utilisant des miroirs. Il va filtrer la lumière du soleil à travers de multiples miroirs, en la concentrant et en l'amplifiant dans une petite surface, conduisant à chauffer, voire incendier la zone ciblée. La légende raconte même qu'il en aurait fait une arme, pour incendier la flotte romaine envahissant Syracuse.
Cela n'empêcha néanmoins pas les romains de conquérir la ville…
La croyance que la vision serait une vapeur très chaude émanant de l'œil est ainsi consacrée.
L'homme va donc poursuivre ses expérimentations des lois de l'optique sans toujours pour autant chercher à soigner les maux de sa vision.
Une lettre est retrouvée en Italie, datant de 100 av JC, dans laquelle un romain se plaignait de ne plus pouvoir lire par lui-même du fait de ses problèmes de vue.
Il ne fut pas encore ici question de myopie, hypermetropie, presbytie ou astigmatie, mais bien seulement de la constatation que l'oeil humain pouvait souffrir de maux, alterant la vision. C’est alors que s’est développé le premier moyen de régler ces défauts visuels.
Tout d’abord, les esclaves étaient utilisés afin de pourvoir aux lacunes visuelles de leurs maitres.
Certes ici pas question de technologie, ni de traitement, mais en se faisant lire ce qu'il ne pouvait plus faire lui-même, l'Homme identifie un problème, et trouve la solution la plus simple à sa portée. La volonté de remédier aux défauts visuels vient de naître.
En 70 ap JC, Suétone dans sa biographie de l'empereur Néron évoque l'utilisation d'une émeraude à travers laquelle il regarde, pour suivre les combats de gladiateurs.
Il est possible que cela ait été une tentative de créer une lentille optique pour corriger un oeil myope, hypermétrope, un oeil presbyte, ou astigmate, mais l’usage de l’émeraude pourrait également s’expliquer par la croyance en la vertu de la couleur de la pierre, voire du joyau en lui-même.
Ou bien était-ce là la première paire de lunette de soleil ?
Cela reste néanmoins une des premières utilisations notables d'un prisme à travers lequel la vision de l'homme passe, dans le but d'être modifiée. Que les raisons soient thérapeutiques ou superstitieuses, la pratique du port des lunettes, a peut-être trouvé son origine ici…
En 90 après JC Ptolémée, ou encore Galien vont énoncer les premières théories sur le fonctionnement de la vision, dans des ouvrages, tels l'Optique de Ptolémée. Dans son ouvrage, Ptolémée va énoncer des propriétés de la lumière. Il va théoriser la réflexion, la réfraction, notamment la réfraction atmosphérique ainsi que la couleur, en reprenant toutes les découvertes précédemment énoncées.
Ainsi, l'œil à cette époque est perçu comme un émetteur de lumière, d'un flux visuel, comme le qualifia Ptolémée. Action liée au feu, au soleil et au divin, la vision n'en reste pas moins perfectible et influençable dans l'idée de l'homme, qui ne cesse de mettre en œuvre des outils, et des expériences afin d'influencer la lumière, qu'il associe très tôt à la vision. Les Premières compréhension de la vision indispensable au soin des troubles de la vision sont là, et l'homme se donne petit a petit les armes pour dompter les amétropies qui hante sa vision.