Nous continuons aujourd’hui notre saga sur l'histoire des traitements des défauts visuels en nous intéressant cette fois a l’époque contemporaine.
Nous avions vu lors du précédent article la consécration de l'optique en tant que science durant la Renaissance, et l'importance que cette période donna à l'analyse de la vision, en tant que phénomène directement lié à l'oeil. Que l'œil pouvait avoir des défauts, et que ces défauts pouvaient surtout être corrigés. La période contemporaine, va pousser encore plus loin les acquis techniques nous rapporchant de plus en plus de la technologie actuelle, et donc de la chirurgie refractive.
Nous analyserons cette époque de 1700 à 1900, qui a vu naitre les lunettes telles que nous les connaissons actuellement.
Toujours présentes dans la société de cette époque, hypermétropie, myopie, presbytie et astigmatisme restent un problème que les hommes ne cessent de chercher à résoudre de manière toujours plus efficace.
La technologie optique se perfectionne, se rapprochant toujours plus de la chirurgie refractive, mais c'est également tout un pan de la société qui évolue au grés des améliorations de l'optique, que cela soit par le confort des nouvelles montures développées, ou en raison l'efficacité des traitements.
C’est tout d’abord en 1728, que l’opticien anglais Edward Scarlett crée les premières montures avec de courtes branches terminées par un anneau métallique qui se plaque sur les tempes.
Ces lunettes communément appelées lunettes à tempes furent essentiellement portées par les nobles, les courtes branches permettant le retrait des lunettes sans déranger la perruque, alors à la mode dans ce milieu..
Lorsque la perruque cessa d’être plébiscitée, Scarlett innova encore, en rallongeant les branches et en les courbant aux extrémités de façon à ce qu’elles puissent se fixer derrière les oreilles.Les lunettes modernes sont nées.
En France c’est en 1746 que Sieur Thomin, miroitier lunettier parisien, invente ces lunettes à tempes. Elles seront mêmes surnommées lunettes à tempes permettant de respirer à l’aise car elles remplacent les pince-nez, désormais reliques de la Renaissance. Toutefois, la pression exercée au niveau du nez, mal calibrée, provoquait de douloureux maux de têtes.
En 1752, l’opticien anglais James Ayscough crée les premières lunettes à verres teintés. A ce moment, il considère qu’il vient d’inventer des lunettes correctrices, et non des lunettes de soleil. En effet il pensait que les teintes bleues ou vertes corrigeaient la vision. Elles furent munies de branches articulées par une charnière, ce qui diminuait l’inconfort de la pression des branches sur le nez et les tempes. Elles ont alors été nommées lunettes à oreilles.
Rapidement les lunettes à double foyers sont créées en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle. Ces verres scindés en deux parties permettent de traiter l' oeil presbyte. La partie supérieure traite la vision de loin, la partie inférieure améliore la vision de près. Il n'y a cependant pas de traitement de la vision intermédiaire, mais ces types de verres resteront très longtemps utilisés.
A la fin du XVIIIème siècle, en 1796, Pierre-Hyacinthe Caseaux maître cloutier à Morez s’inspire des Anglais qui produisent déjà des montures métalliques et adaptent des techniques propres à l’art de travailler le métal pour réaliser de fines montures. Ils utilisent du fil de fer pour encercler les verres et des tenons pour faire office de charnières, soudés de chaque côtés des cercles. Des montures traversées par une vis permettent de serrer les cercles autour du verre.
Ces lunettes dites à fils connaissent un grand succès.
Morez est depuis devenue la capitale de la lunetterie française. Désormais, les lunettes ont un verre ovale, offrant de meilleures propriétés optiques.
Ainsi Le XVIIIéme siècle consacre la lunette moderne, telle que vous, lecteurs, en portez certainement encore en ce moment même.
Bien sûr, les vôtres sont plus puissantes, ont un design adapté aux attentes de la société actuelle, mais leurs parents directes remontent à cette période. Vous avez en outre de nouvelles alternatives au port de ces lunettes, à travers la chirurgie refractive et la technique du lasik, ou de la PKR.
L'homme est donc parvenu à maitriser, dans l'ordre chronologique : la presbytie, la myopie et l'hypermetropie. Ne reste plus que l'astigmatisme à traiter, et les quatre ametropies ne seront plus des handicapes pour l’homme moderne.
L'évolution ne va donc pas s'arrêter Il reste maintenant à poser les bases de ce qui va être la méthode la plus aboutie pour traiter l' oeil myope, l' oeil hypermetrope, astigmate et presbyte : la chirurgie réfractive. Rendez-vous dans notre prochain article sur l'histoire du traitement des amétropies, pour poursuivre notre analyse de la période contemporaine, avec des évolutions toujours plus poussées en matière d’optique.